Mal à la terre

Lacouture/bramli 

Bonjour, je m’appelle la Terre
Entrez, vous êtes ici chez vous
Pour ma santé, faut pas s’en faire
J’suis en observation c’est tout.
Et je tourne autour du sommeil
Couché sur les toiles de mon lit
Un médecin sans frontières surveille
Ma température jour et nuit.

Je souffre de l’Afrique gastrique
A chaque repas entr'oesophages
Les luttes intestines me ravagent
Le gros colon fait du trafic
Au coeur d’l’Amérique l’anémique
Les rouges haïssent les globules blancs
De chaque côté du pacifique
Et moi j’me fais du mauvais sang.

C’est grave, docteur, j’ai mal à la terre
Bizarre, cette odeur d’éther
Ça tourne pas rond
J’crois qu’j’fais d’la tension.

Une douleur me transperce les pôles
Plus au Sud en Polynévrite
On m’a fait péter un atoll
Je sens plus rien, docteur, faites vite
J’respire pas bien près des côtes
Malaises ou de l’Asthme de Panama
Je transpire, j’étouffe, je suffoque
J’crois qu’c’est l’régime qui m’convient pas.

C’est grave ......
Près du poumon, j’ai comme de l’oppression.

J’voudrais r’tomber en enfance
Au pays des petits bobos
Des maladies sans conséquence
Et qui portent des noms d’oiseaux
Ecouter chanter les rougeoles
R’garder passer les oreillons
Voir les varicelles qui s’envolent
Et reviennent selon la saison.

C’est grave .....
Un peu d’affection

Je suis dev’nu incontinent
J’urine mon troisième océan
J’y peux rien si j’vous inonde
J’ai quitté les îles de la Sonde
Plutôt  qu’le Tropique du Cancer
J’trouve plus joli la Pleurésie
Dans l’crachin du bord de la mer
J’attendrai sagement l’Embellie.