esquimau, chocolat

lacouture /bramli


On s’était plu dés l’premier soir
Quand j’t’avais ramassé en stop
ON a décidé d’se revoir
En VO et cinémascope
A l’entracte, figés à nos places
Timides, on n’se parlait pas trop
J’commandais pour rompre la glace
À l’ouvreuse :deux esquimaux.

Comme je me suis senti ému
De voir ton joli sourire
Enfin une lueur de plaisir
Au fond de tes yeux ingénus
Tandis que tu suçotais
Du bout des lèvres délicatement
Le pourtour de ta crème glacée
Je te souriais tendrement.

Alors avide comme un chaton
Après l’avoir un peu léchée
Tu l’as brusquement enfournée
D’un coup d’un seul jusqu’au bâton
Submergé par mes phantasmes
J’ai contemplé la bouche bée
À la limite de la crise d’asthme
L’esquimau qui s’escamotait

J’ai assisté avec dégoût
Les yeux hagards, exorbités
A une projection privée
De mes interdits et tabous
Un flot d’images inavouables
Et de courts-métrages enfouis
Dans les profondeurs insondables
Et abyssales de mon esprit

Et c’est le Gelko tout fondu
Sur mes genoux qui m’a rendu
A la triste réalité
Du film qui se terminait
La prochaine fois, au cinéma
J’t’offrirais plutôt des nougats